LUXEMBOURG/THIONVILLE – Salarié de la finance à Luxembourg, Matthieu a accompagné son ami Abdellatif, non-voyant, au sommet du Kilimandjaro. Une expérience hors du commun qu’ils racontent.

D’un bureau de la place financière au sommet de la plus haute montagne d’Afrique: c’est le chemin parcouru en fin d’année 2022 par Matthieu, 34 ans, et son ami non-voyant, Abdellatif, 58 ans. Ostéopathe dans la région de Thionville et aveugle depuis l’âge de 18 ans, Abdellatif rêvait de réaliser l’ascension du Kilimandjaro, le plus haut sommet du continent africain (5895 mètres). Un projet qu’il évoquait déjà avec Matthieu, son jeune patient, avec qui il s’est lié d’amitié.

«Quand il m’a demandé si ça m’intéressait, je n’ai même pas réfléchi, j’ai tout de suite accepté, même si je ne savais même pas le situer sur une carte», explique Matthieu, 34 ans, salarié du secteur financier, à Luxembourg. Pendant trois mois, les deux compères s’entraînent sur les sentiers de randonnée de la région Mullerthal. «Un terrain accidenté avec pas mal de passages techniques, pour se préparer aux premiers jours du trek en Tanzanie».

«Abdel a dépassé des groupes de randonneurs valides»

Matthieu, 34 ans, et Abdellatif, 58 ans, ont réussi leur défi.
Matthieu Marinelli

Arrivés au pied du mythique volcan, leur tentative attire l’intérêt de la presse locale. «Ils nous ont dit qu’ils n’avaient jamais vu un non-voyant s’attaquer au Kilimandjaro, en six jours», explique le duo. Tout au long de l’ascension, Matthieu devance son ami Abdellatif, qui s’appuie sur ses indications sonores, sa voix, le bruit de ses chaussures, et qui s’accroche à l’arrière de son sac à dos.

«Abdel a fait preuve d’une force mentale incroyable» raconte Matthieu. Ce dernier épate tout son monde, au moment de gravir l’impressionnant mur de Barranco, une paroi rocheuse de plus de 100 mètres de haut, sous les yeux ébahis de leurs guides. «Il a dépassé plusieurs groupes de personnes valides. Les guides n’avaient jamais vu ça», ajoute Matthieu, admiratif. «Je me suis éclaté sur cette partie. L’un de mes moments préférés», sourit Abdellatif.

«Ce n’est pas une promenade de santé»

Six jours après le début de l’aventure, après avoir expérimenté le mal aigu des montagnes à partir de 4 000 m d’altitude, traduit par des migraines, des difficultés respiratoires et une perte d’appétit, le duo entouré de l’équipe d’expédition, arrive au Uhuru Peak, et pose pour la traditionnelle photo souvenir.

«Cette ascension est une aventure extraordinaire, difficile à décrire. Mais elle est loin d’être une promenade de santé», lance Abdellatif. Forts de leur expérience réussie et après avoir déjà repoussé leurs limites, les deux hommes ont un nouvel objectif d’une autre envergure: s’attaquer à l’Aconcagua (Argentine), le toit de l’Amérique.